Thorium Canada : Une opportunité pour une énergie nucléaire durable
Découvrez pourquoi le thorium représente une avenue prometteuse pour l'énergie nucléaire propre au Canada.
Dans les prochaines décennies, le Canada pourrait potentiellement devenir un acteur important dans la production d'énergie propre grâce à ses réserves substantielles de thorium, situant le pays parmi les dix premiers détenteurs mondiaux de ce minéral critique [1]. Cette position stratégique ouvre des perspectives intéressantes pour l'avenir énergétique du pays, particulièrement pour des provinces comme le Québec qui cherchent à diversifier leur mix énergétique.
Alors que la demande mondiale en énergie propre ne cesse de croître, le Canada explore des alternatives durables pour réduire son empreinte carbone. Le thorium émerge comme une option prometteuse dans le secteur nucléaire, offrant des avantages environnementaux et techniques potentiels par rapport aux combustibles traditionnels.
Le potentiel géologique du Thorium
Le sous-sol canadien recèle des réserves importantes de thorium qui positionnent le pays favorablement sur l'échiquier énergétique mondial. Les formations géologiques du Canada, notamment les roches granitiques et pegmatitiques du Bouclier canadien, contiennent des concentrations de thorium qui pourraient être économiquement viables pour une exploitation future.
Position Internationale
La position du Canada sur l'échiquier mondial du thorium est remarquable. Avec des réserves estimées à 172 000 tonnes, le Canada se classe parmi les dix premiers pays disposant de réserves significatives de thorium [1]. Cette classification place le pays aux côtés de nations comme l'Inde (846 500 tonnes), le Brésil (632 000 tonnes), les États-Unis et l'Australie (595 000 tonnes chacun), reconnues pour leurs importants gisements de thorium.
Cette position internationale confère au Canada plusieurs avantages compétitifs potentiels : contribution à la sécurité d'approvisionnement énergétique à long terme, réduction de la dépendance aux importations de combustibles fossiles, et opportunités de développement technologique en collaboration avec les pays développant des technologies de réacteurs au thorium.
Caractéristiques techniques particulièrement favorables à l'utilisation de combustibles thorium
Les réacteurs CANDU présentent des caractéristiques uniques qui facilitent l'utilisation du thorium. Le Canada possède plus de 50 années d'expérience de recherche sur les combustibles thorium dans les réacteurs à eau lourde (HWR), ayant conduit plus de 25 essais dans trois réacteurs de recherche et un réacteur pré-commercial de type CANDU [3]. Cette expertise démontre que les réacteurs CANDU peuvent utiliser des combustibles mixtes d'oxyde de thorium et d'uranium, bien que cela nécessite des adaptations du cycle de combustible et des systèmes de gestion du combustible.
Le Canada exploite actuellement 17 réacteurs CANDU avec une capacité nette totale de 12,7 gigawatts, produisant environ 15% de l'électricité nationale [2]. Les caractéristiques techniques spécifiques des réacteurs CANDU, notamment l'utilisation d'eau lourde comme modérateur et réfrigérant, ainsi que le système de rechargement en ligne, offrent des avantages pour l'utilisation de combustibles alternatifs comme le thorium [3]. Cette infrastructure nucléaire mature et cette expertise technique constituent des atouts significatifs pour l'exploration de technologies de combustibles avancés comme le thorium.
Défis et Perspectives d'Avenir
Défis techniques et économiques
L'adoption du thorium comme combustible nucléaire fait face à plusieurs défis importants. Le thorium n'est pas directement fissile et nécessite un matériel fissile d'amorçage (uranium-235 enrichi ou plutonium) pour démarrer la réaction en chaîne [1]. De plus, la conversion du thorium en uranium-233 utilisable produit du protactinium-233, qui doit décroître pendant environ un mois avant retraitement, compliquant la gestion du cycle de combustible [6].
Défis réglementaires
L'adoption commerciale du thorium nécessitera des études approfondies de sûreté et des processus d'approbation réglementaire qui pourraient s'étendre sur plusieurs années. L'évaluation de nouvelles technologies nucléaires demande des démonstrations approfondies de sûreté et de performance dans des conditions opérationnelles réelles.
Opportunités de développement
Le succès de l'intégration du thorium au Canada dépend du développement d'une chaîne d'approvisionnement robuste couvrant l'ensemble du cycle, depuis l'extraction minière jusqu'à la fabrication de combustibles nucléaires [4]. Cette infrastructure représente une opportunité de positionnement stratégique pour des entreprises spécialisées dans l'exploration de minéraux critiques et d'énergies propres.
Conclusion
Le thorium représente une option énergétique prometteuse pour l'avenir du Canada, qui mérite d'être explorée dans le cadre d'une stratégie diversifiée de transition énergétique. Les réserves substantielles de thorium présentes dans le sous-sol canadien offrent au pays une base solide pour contribuer au développement de technologies d'énergie nucléaire avancées.
L'adaptabilité des réacteurs CANDU existants pour l'utilisation de combustibles thorium, combinée à l'expertise technique canadienne de plus de 50 années, représente un avantage stratégique important. Les bénéfices environnementaux potentiels, notamment la réduction significative des déchets nucléaires à long terme, s'alignent avec les objectifs de développement durable du Canada.
Bien que des défis techniques, économiques et réglementaires importants demeurent, l'innovation dans le secteur nucléaire, notamment à travers l'exploration du thorium, pourrait contribuer à un avenir énergétique plus durable. L'expertise géologique canadienne et l'engagement vers les énergies propres positionnent le pays pour contribuer activement au développement de ces technologies prometteuses.
Chez Ressources & Énergie Squatex, nous croyons fermement que l'innovation dans le secteur nucléaire, notamment à travers l'utilisation du thorium, est essentielle pour un avenir énergétique durable. Effectivement, l'avenir énergétique du Canada pourrait inclure le thorium comme option complémentaire, ouvrant la voie au développement de technologies d'énergie nucléaire avancées, en parallèle avec d'autres technologies d'énergie propre.
Références
[1] Chroneos, A., et al. "Thorium fuel revisited." Progress in Nuclear Energy, vol. 164, 2023, 104839.
[2] World Nuclear Association. "Nuclear Power in Canada." World Nuclear Association, 2025, https://world-nuclear.org/information-library/country-profiles/countries-a-f/canada-nuclear-power.
[3] Boczar, P.G., et al. "Thorium fuel-cycle studies for CANDU reactors." Thorium Fuel Utilization: Options and Trends, Proceedings of Three IAEA Meetings held in Vienna in 1997, 1998 and 1999, IAEA, Vienna, Austria, IAEA-TECDOC-1319, 2002, pp. 25–41.
[4] International Atomic Energy Agency. "Thorium Fuel Cycle - Potential Benefits and Challenges." IAEA-TECDOC-1450, Vienna, 2005.
[5] World Population Review. "Thorium Reserves by Country 2025." World Population Review, 2025, https://worldpopulationreview.com/country-rankings/thorium-reserves-by-country.
[6] Humphrey, U.E., and Khandaker, M.U. "Viability of thorium-based nuclear fuel cycle for the next generation nuclear reactor: Issues and prospects" Renewable and Sustainable Energy Reviews, vol. 97, 2018, pp. 259–275.